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Les lieux de la foi

 

Le Temps a publié une lettre de lecteur de Pierre Saba sur « Les réalités occultées de Moyen-Orient ». Outre ses nombreuses déclarations qui visent à diaboliser l’islam, il faut comprendre que le discours de Pierre Saba consiste tout simplement à justifier la destruction de la Mosquée al-Aqsâ (l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem) pour y construire le Temple du peuple élu !

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Perspective fanatique qui ne peut que conduire à une guerre généralisée. Stéphane Hessel, diplomate et militant politique, a déclaré plusieurs fois avant de disparaître qu’Israël ne voulait pas la paix. Il avait raison ! Aujourd’hui, et après l’opération «Bordure Protectrice» de cet été 2014, tout concourt à renforcer pour nous cette conviction. La paix signifierait clairement une délimitation définitive des frontières devant permettre non seulement la reconnaissance, mais aussi la fondation de l’Etat palestinien.

Or, Israël est à sa périphérie un Etat qui a la vocation d’être extensible. La logique du conflit sert donc mieux ses intérêts. Et en son centre doit résider le saint des saints : le fameux Temple en question. Historiquement, avant l’occupation israélienne, les juifs disposaient d’une entière liberté pour pratiquer leur religion, de même que les chrétiens. Les trois communautés vivaient dans  l’harmonie et dans le respect. La fondation de l’Etat d’Israël a été hélas la cause d’une violence inouïe dont nous observons la barbarie jusqu’à nos jours. Auparavant, chacun s’entendait parce que l’islam reconnaît la qualité de Prophète de Moïse et le caractère révélé de la Torah ; tout comme il reconnaît la qualité de Prophète de Jésus et le caractère révélé de l’Evangile.

L’erreur suivante concernant le propos de Monsieur Pierre Saba permet de mieux comprendre le point de vue musulman : l’Esplanade des mosquées est effectivement appelée aussi bayt al-maqdis (plutôt qu’al muqadas), tout comme en hébreu il est désigné par l’expression beit hamikdash, ce qui signifie la Maison sainte, et non pas le « Temple saint ». Dans le Coran, le territoire sacré de La Mecque est nommé al-bayt al-harâm : Le Maison sacrée. Selon la logique de Pierre Saba, il faudrait donc appeler également ce premier lieu saint de l’islam : Temple sacré !

Tout cela démontre au contraire que les messages de Moïse, de Jésus et de Muhammad ont une même origine, et que ces trois lieux sont bien ceux de la foi universelle, qui a été détournée de sa vocation par le particularisme racial et colonial qui caractérise le sionisme aujourd’hui !

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Hani Ramadan

Le Temps, 22 décembre 2014

 

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