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Le martyre d’une ville syrienne : Darayya

Autre texte censuré par Thierry Meyer, de 24 Heures, sans consultation de ses collaborateurs.

Silence des médias

Le martyre d’une ville syrienne : Darayya

Je lis ce 13 mai 2016, dans un coin de page d’un quotidien suisse, ce bref communiqué de l’AFP, intitulé : Syrie : convoi interdit d’entrée dans une ville. En 12 lignes, on y apprend qu’un cortège d’aide humanitaire de la Croix-Rouge est interdit d’entrée à Darayya par les forces de Bachar. Or, il s’agissait d’une première aide de la Croix-Rouge à cette ville assiégée depuis 2012 !

 

 

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Qu’est-ce que cela signifie ? Depuis quatre ans, une ville entière, parmi beaucoup d’autres qui subissent le même sort, est condamnée à une mort lente avec son cortège d’atrocités : famine, froid, viols, meurtres, tortures, destructions indiscriminées d’habitations civiles. Tout cela se passe à huis clos. Depuis quatre années ! Résultat en ce mois de mai 2016 : le régime interdit toute aide humanitaire qui pourrait témoigner de l’ampleur de ces horreurs !

Darayya est une ville du sud-est de Damas hostile à la dictature du régime. Selon l’Observatoire syrien des droits de l'homme, 440 personnes y ont été massacrées par les forces syriennes, le samedi 25 août 2012, et 149 le lendemain. Cet assaut a été nommé massacre de Darayya. Des vidéos et des photographies ont été publiées, et montrent les corps des victimes, comprenant également ceux de femmes et d'enfants.

Dans un article récent (Le régime syrien bombarde Darayya pendant une opération humanitaire, Le Monde, 13.05.2016), Benjamin Barthe affirme :

« Les milliers de bombes barils déversées sur ses quartiers ont abouti à la destruction de 90 % des bâtiments et à l’exode de la population dans les mêmes proportions. Les 8 000 habitants restés sur place survivent avec un repas par jour, une soupe de lentilles, un peu de riz, ou quelques feuilles de salade. » Or, Darayya était peuplée de 100 000 habitants avant la révolution.

Bien entendu, ni la communauté internationale, ni l’ONU n’ont réagi en prenant les mesures qui s’imposaient.

Force est de constater que ces malheureuses victimes ne bénéficient pas d’une couverture médiatique honorable, surtout quand il s’agit de tueries qui visent des musulmans, et alors qu’un peuple subit une évidente volonté d’extermination, ville après ville, village après village. Ce qui se passe en Syrie depuis cinq ans est hallucinant. Il est des situations où se taire, ou admettre par un mutisme obstiné l’innommable, c’est être complice.

Au XXIe siècle, il est désormais possible d’éliminer des civils innocents par milliers, en se contentant des brèves nouvelles de l’AFP qui sont présentées comme des faits divers. Et ces tueries répétées ne datent pas des années quarante. Non. Mais elles se déroulent en temps réel, au moment où j’écris ces lignes et au moment encore où vous les lisez ; alors que les hommes libres, à deux heures et demie d’avion de Damas, partagent leurs loisirs entre spectacles, sports et divertissements.

Libres, vraiment, ou inconscients ?

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