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Ne pas juger la foi d’un homme
D’après Abû Hurayra – que Dieu soit Satisfait de lui –, le Prophète (Dieu le couvre de bénédiction et de paix) a dit : « Il y avait un homme qui s’était porté préjudice en se comportant de façon excessive. Lorsqu’il fut à l’article de la mort, il dit à ses fils : « Lorsque je serai mort, brûlez-moi, puis réduisez-mon corps à l’état de poussière, puis dispersez-moi dans le vent. Par Dieu vraiment, si Dieu parvenait à se saisir de moi, Il me ferait subir un châtiment qu’Il n’a fait subir à personne d’autre ! » Lorsqu’il mourut, on fit de lui (ce qu’il avait demandé). Dieu donna un ordre à la terre et dit : « Rassemble ce qu’il y a en toi de sa personne. » Et voici qu’il se tint debout. Dieu lui demanda : « Qu’est-ce qui t’a poussé à agir ainsi ? » Il répondit : « Mon Seigneur ! Ma crainte de Toi. » Dieu lui pardonna alors. » (Al-Bukhârî)
Cet homme, mes frères et sœurs en Islam, faisait partie des enfants d’Israël. Dieu lui avait donné des biens, de la notoriété et du pouvoir. Il fit un mauvais usage de ces bienfaits et se livra à toutes sortes d’excès dans la désobéissance. Combien existe-t-il ainsi d’individus brillants en apparence, illustres de nom, honorés et célébrés dans les assemblées, alors que Dieu les considère comme de grands criminels. Cependant, si de tels individus parviennent à tromper les gens, ils ne peuvent tromper Dieu – Exalté soit-Il –. Dieu dit : « Ils cherchent à tromper Dieu et ceux qui ont cru et ils ne trompent qu’eux-mêmes. Et ils n’en ont pas conscience. » (Coran, 2, 9)
Les années ont passé, et cet homme injuste est allé toujours plus loin dans sa rébellion et sa corruption, jusqu’à ce qu’il fût atteint d’une grave maladie qui le terrassa. Combien le monde lui parut de peu de valeur lorsqu’il fut confronté à sa douleur. Ni ses biens, ni sa notoriété, ni son pouvoir ne purent quelque chose pour lui lorsqu’il connut cet état. L’état où l’on est réduit à l’impuissance et à la résignation. Cet homme, qui s’était montré excessif dans le mal qu’il avait commis, pris alors conscience de la situation périlleuse qui était la sienne, ayant bientôt à rendre des comptes à Dieu, et à subir le châtiment qu’il méritait ! Ceci d’autant plus qu’aucun être humain ne pourra, devant Dieu, se racheter en donnant tout ce qu’il possède en ce bas monde. Dieu dit – Exalté soit-Il – : « Si les injustes possédaient tout ce qui se trouve sur la terre, – et autant encore, – ils l'offriraient comme rançon pour échapper au mal du châtiment le Jour de la résurrection; et leur apparaîtra, de la part de Dieu, ce à quoi ils ne s’attendaient pas. » (Coran, 39, 47)
Cet homme appela alors ses enfants, et leur fit la recommandation de le brûler lorsqu’il serait mort, puis de pulvériser ses cendres, et de les éparpiller dans le vent. Puis il dit : « Par Dieu vraiment, si Dieu parvenait à se saisir de moi, Il me ferait subir un châtiment qu’Il n’a fait subir à personne d’autre ! »
Ces enfants accomplirent ce qu’il avait demandé. Mais comment aurait-il pu en réchapper ! Même s’ils l’avaient pilé pour réduire chacun de ses atomes à des milliers de particules plus élémentaires encore, Dieu aurait eu en son pouvoir de rassembler son corps. Dieu dit dans le Coran : « Et vous voici venus à Nous, seuls, tout comme Nous vous avions créés la première fois, abandonnant derrière vos dos tout ce que Nous vous avions accordé. Nous ne vous voyons point accompagnés des intercesseurs que vous prétendiez être des associés.
Il y a certainement eu rupture entre vous : ils vous ont abandonnés, ceux que vous prétendiez (être vos intercesseurs). » (Coran, 6, 94)
Même le morceau de chair qui est coupé au moment de la circoncision reviendra au corps de l’homme au Jour de la résurrection, afin qu’il soit reconstitué complètement, comme Dieu l’avait créé une première fois.
Dieu ordonna à la terre de rassembler tout ce qui était en elle de cet homme. Ce qu’elle fit. Quand Dieu lui demanda la raison de son acte, l’homme expliqua que c’était parce qu’il Le craignait. Et Dieu lui pardonna.
Ce hadith authentique est pour nous une invitation à revenir à Dieu sans attendre, par un repentir sincère, avant que nous ne soyons surpris par la mort. Alors, rien ne nous sera utile de ce que contient ce bas monde, rien de ces choses pour lesquelles nous nous livrons concurrence, pour lesquelles nous nous entretuons, par lesquelles nous sommes distraits au point d’en oublier la recherche de l’agrément de Dieu.
Ce hadith nous montre surtout combien est grande la miséricorde de Dieu, combien sont immenses Son pardon et Son amour, pour celui qui craint Sa rencontre. Comment en irait-il autrement, alors que Dieu est le Tout Pardonnant, le Tout Miséricordieux, l’Aimant ? Comment en irait-il autrement alors qu’Il parle ainsi dans le Coran, en interpellant ceux qui parmi Ses serviteurs ont commis des excès :
« Dis : "Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Dieu certes pardonne tous les péchés. Oui, c'est Lui le Tout Pardonnant, le Tout Miséricordieux ".
Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui, avant que ne vous vienne le châtiment et vous ne recevrez alors aucun secours. Et suivez la meilleure Révélation qui vous est descendue de la part de votre Seigneur, avant que le châtiment ne vous vienne soudain, sans que vous ne [le] pressentiez; avant qu'une âme ne dise : "Malheur à moi pour mes manquements envers Dieu. J'ai été certes, parmi les railleurs"; ou qu'elle ne dise : "Si Dieu m'avait guidée, j'aurais été certes, parmi les pieux"; ou bien qu'elle ne dise en voyant le châtiment : "Ah! S'il y avait pour moi un retour! Je serais alors parmi les bienfaisants" » (Coran, 39, 53-58) ?
Dieu nous montre par ailleurs à plusieurs reprises qu’Il récompense le serviteur dont Il observe la crainte révérencielle. Il dit ainsi : « En vérité, ceux qui auront redouté leur Seigneur en secret auront un pardon et une grande récompense. » (Coran, 67, 12) Et Il dit encore – Exalté soit-Il – : « Et pour celui qui aura craint de comparaître devant son Seigneur, il y aura deux jardins. » (Coran, 55, 46)
On peut, mes frères et sœurs en Islam, tirer encore une autre leçon de ce hadith : Si je vous parlais d’un homme qui ne pense pas que Dieu a tout pouvoir, vous me diriez que cet homme ne peut être un authentique croyant, parce que l’attribut de la Toute-Puissance divine est reconnu en Islam. Cependant, selon sa conviction, cet homme a pensé qu’il pouvait fuir Dieu. Ce qui suppose une forme d’ignorance, que Dieu lui a pardonnée, parce qu’il a agi par crainte de Dieu. Evitons donc de juger la foi des autres, et prenons conscience que Dieu tient compte, dans Sa miséricorde infinie, de l’ignorance des hommes et de la différence de leurs niveaux de compréhension. Ce qui ne signifie pas toutefois que nous puissions nous dispenser de connaître les fondements de notre foi.
Nous demandons à Dieu qu’Il guide nos cœurs et nous pardonne nos erreurs, qu’Il nous accorde Son pardon et une saine compréhension de notre foi. Allâhumma âmîn !