Les croyants sont patients
Dieu dit dans le Coran : « Ô vous qui avez cru, cherchez aide dans la patience et dans la prière. Dieu certes est avec ceux qui sont patients. » (Coran, 2, 153)
Et Dieu dit aussi : « Ceux qui sont patients auront leur pleine récompense sans compter. » (Coran, 39, 10)
Si nous observons attentivement ce verset, il ne peut que susciter notre étonnement en considérant le haut rang qu’occupent ceux qui sont patients. Le fait que Dieu leur attribue un salaire élevé sans compter montre quelle est la valeur de l’effort qu’ils ont dû consentir pour mériter cette inestimable rétribution. Qu’est-ce donc que la patience, et dans quel domaine doit-elle s’exercer ?
C’est d’abord sans aucun doute la qualité qui consiste à ne pas tomber dans une émotion violente d’impatience lorsque survient un malheur, ou à supporter la difficulté quand les choses deviennent difficiles, ou à s’écarter des péchés quand ils comportent une part de plaisir et quand ce sont des péchés. L’homme peut être atteint au niveau de ses biens, ou de sa famille, ou de sa santé. S’il fait patience dans ces situations et accepte le décret divin et ce lui était destiné, il est alors récompensé et ne subit aucun blâme. Cela, parce que l’homme n’est pas rétribué pour le malheur qui l’atteint, qui fait partie du décret divin et qu’il ne peut de ce fait écarter, mais il est récompensé parce qu’il fait preuve de patience et accepte ce que le destin lui a réservé, convaincu que telle est la volonté de Dieu.
La patience peut aussi représenter l’effort que l’on fait pour accomplir les actes d’obéissance : la prière réclame sans aucun doute du musulman un effort pour s’y préparer.
On délaisse les divertissements et les bons moments en compagnie des autres pour s’y consacrer, tout comme il faut parfois rompre un délicieux sommeil pour l’accomplir. Dieu le Très-Haut dit : « Et cherchez aide dans la patience et dans la prière. Elle est certainement bien lourde, sauf pour les humbles. » (Coran, 2, 45)
De la même façon, le jeûne comprend une part d’effort considérable, tout comme le pèlerinage, ainsi que les œuvres cultuelles et les actes d’obéissance dans leur diversité.
Quant à tout acte de désobéissance, il est le plus souvent accompagné de plaisirs mensongers aussi bien que passagers, qui séduisent l’homme et l’entraînent à transgresser. Tel est le cas des rapports hors mariage. Par ailleurs, le fait de se montrer hostile aux autres et de les agresser s’accompagne du sentiment d’avoir le dessus et de les vaincre, ce qui représente aussi une part de satisfaction qui revient à notre ego. Tout cela, la parole du Messager de Dieu (Dieu le couvre de bénédiction et de paix) le confirme clairement, lui qui a dit : « L’Enfer est voilé par les plaisirs, et le Paradis est voilé par les désagréments. » (Al-Bukhârî, Muslim) Ce qui conduit au Paradis, c’est effectivement généralement une chose qui comprend une difficulté et un effort à fournir. Quant à ce qui conduit généralement en Enfer, ce sont les choses qui procurent du plaisir et de la joie dans un cadre illicite. Ce qui correspond à l’analyse que donnait Ibn ‘Abbâs – Dieu soit Satisfait de lui et de son père –, pour qui la patience se comprend à trois niveaux : La patience qu’il faut pour réaliser les obligations, celle qu’il faut pour s’écarter des interdits, et celle dont on doit se parer lorsque survient un malheur.
Toutefois, le sens le plus courant du mot sabr nous renvoie au fait d’être confronter au malheur, parce que c’est dans cette situation que l’homme peut se surpasser. L’homme est faible, et il ne supporte pas d’être atteint par une tragédie quelconque, à moins de s’être armé d’une foi solide en Dieu, de s’attacher à Sa protection, et de suivre le modèle du Prophète.
Ainsi, le Messager de Dieu (Dieu le couvre de bénédiction et de paix) a été éprouvé en perdant sa progéniture, et il s’est montré patient, parce qu’il savait que ce qui est écrit doit arriver, et que la patience agit alors en faveur du croyant. Lorsqu’il s’introduisit auprès de son fils Ibrâhîm, et qu’il le trouva rendant son dernier souffle, il se mit à pleurer (Dieu le couvre de bénédiction et de paix). ‘Abdu -Llâh Ibn ‘Awf lui dit alors : « Toi, ô Messager de Dieu ? » Dans le sens : « Toi, Messager de Dieu, tu pleures ? »
Le Prophète (Dieu le couvre de bénédiction et de paix) lui répondit : « Ô Ibn ‘Awf, c’est une miséricorde. Les yeux versent des larmes. Le cœur est triste. Et nous ne disons que ce qui entre dans l’agrément de notre Seigneur. Et nous sommes tristes de nous voir séparés de toi, ô Ibrâhîm ! » Telle est la patience : elle consiste à accepter le décret divin, et à ne pas manifester sa colère contre le Seigneur des univers. Le cœur a cependant le droit de s’attrister, les yeux de pleurer, mais sans lamentations, sans se frapper le visage et déchirer ses vêtements comme le faisaient les Arabes avant l’Islam.
Celui qui se met en colère et se révolte contre ce qui lui arrive reçoit en retour la colère de Dieu qui réduit à néant la récompense qu’il aurait reçue s’il avait fait patience. Cela, parce qu’il nie ainsi que Dieu soit juste et miséricordieux. Il se peut par ailleurs qu’un malheur recèle un bien considérable. Et si vous aviez connaissance de ce qui vous est caché, vous choisiriez certainement ce qui vous arrive. Et il se peut que vous ayez en aversion une chose et qu’elle soit un bien pour vous. Le Messager de Dieu (Dieu le couvre de bénédiction et de paix) a dit : « Le croyant n’est pas atteint par une douleur continue, ou par une maladie ou par une chose qui le rend triste, et même par le souci qui le préoccupe, sans que cela ne constitue une expiation de ses mauvaises actions. » (Muslim) Et le Prophète (Dieu le couvre de bénédiction et de paix) a dit également : « En ce qui concerne le serviteur, lorsque Dieu a décidé qu’il occuperait tel rang et qu’il n’y parvient pas par ses œuvres, Il l’éprouve alors par les épreuves auxquelles Il soumet son corps, ou ses biens ou sa progéniture. Puis Il le conduit à faire patience de telle sorte qu’il atteigne le rang auquel Dieu l’avait destiné – à Lui la Puissance et la Majesté –. » (Ahmad, Abû Dâwûd)
Ô vous qui êtes des serviteurs de Dieu !
Le croyant sait ce qu’il vaut : il est le serviteur de Dieu, et il lui incombe de se soumettre entièrement au décret divin, et à s’en montrer satisfait, car rien ne peut contrer ce décret, et rien ne peut remettre en cause le jugement de Dieu. Si le serviteur l’accepte et fait patience, son cœur s’apaise et son âme trouve le repos : alors, lui revient de Dieu une large rétribution.
‘Umar – que Dieu soit Satisfait de lui – a dit : « Si tu fais patience, la volonté de Dieu se réalise, et tu reçois une rétribution ; et si une émotion violente d’impatience et de tristesse s’empare de toi, la volonté de Dieu se réalise, et tu auras commis une faute. »
Nous demandons à Dieu de faire que nous soyons de ceux qui sont patients, de nous pardonner nos erreurs et d’affermir nos cœurs. Allâhumma âmîn !
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