Sept raisons de rejeter l’initiative anti-minarets
1) Les initiateurs de ce projet ne disposent que d’arguments grossiers : le minaret est présenté comme un symbole de guerre et de conquête. Il exprimerait « la volonté d’imposer un pouvoir politico-religieux ». Ce qui est faux : le minaret n’a qu’une valeur culturelle.
2) Les initiateurs ne visent pas les minarets, mais bien l’islam pour développer une stratégie populiste déloyale. « Cette initiative se veut un rempart contre « l'islamisation rampante » de la Suisse mais elle jette le discrédit sur les musulmans et musulmanes de Suisse et les diffame purement et simplement », avait expliqué le secrétaire général de la Section suisse d'Amnesty International, Daniel Bolomey.
3) Cette initiative entre en contradiction évidente avec l’esprit de notre Constitution. Le Conseil fédéral a souligné que ce projet porte en particulier atteinte à la liberté religieuse. La Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg et le Pacte de l'ONU relatif aux droits civils et politiques admettent certaines restrictions à cette liberté, «mais à des conditions qui ne sont pas remplies ici. Une interdiction générale de construire des minarets ne saurait être justifiée par la sauvegarde de la sécurité et de l'ordre public [...] L'initiative viole en outre le principe de non-discrimination, car elle vise un symbole religieux de l'islam et non les édifices similaires d'autres religions», avait précisé Eveline Widmer-Schlumpf devant les médias en août 2008.
4) Accepter cette initiative porterait atteinte à l’image de la Suisse dans le monde entier. La Suisse serait constitutionnellement le seul pays à se livrer à une forme de discrimination religieuse visant les seules mosquées.
5) Des populations entières du monde arabe et musulman considéreraient notre pays comme franchement hostile à l’islam. Les secteurs de l’économie en général et du tourisme en particulier en seraient durablement affectés. Sans compter les problèmes liés à notre sécurité, en Suisse ou ailleurs.
6) Au niveau de sa politique étrangère, la Suisse a une position privilégiée. Récemment, le nouvel ambassadeur américain à Berne, Donald Beyer, a salué le « rôle exceptionnel » joué par Berne dans le cadre du contentieux sur le nucléaire iranien. « Certaines informations entre Washington et Téhéran ne circulent que grâce au canal suisse », avait-il dit en septembre dernier. Une Suisse réputée xénophobe et ultranationaliste ne pourrait en aucun cas espérer préserver ce statut.
7) La Suisse, pays des Conventions de Genève et de l’engagement humanitaire, perdrait définitivement sa vocation historique, pour devenir, au cœur de l’Europe, le fief de « l’islamophobie rampante ».
Les initiateurs sont des pyromanes qui veulent se faire passer pour des pompiers. Dialoguons en adultes et cessons de jouer avec le feu.
Hani Ramadan
Directeur du Centre Islamique de Genève
Tribune de Genève
L’invité
27 novembre 2009