«Qu’est-ce qui vous empêche d’exclure les Noirs de Suisse?»
Dialogue rapporté par Shahïn Ammane
Le conseiller national Oskar Freysinger (UDC/VS) a affronté le docteur en religion Azzam Tamimi mardi soir sur la chaîne arabe Al Jazeera, dans un débat sur l'interdiction de construire des minarets en Suisse.
Azzam Tamimi: «L’ignorance des Suisses a été instrumentalisée par ces nouveaux nazis comme Freysinger. Vous êtes le nouvel Hitler d’Europe.»
Oskar Freysinger: «Hitler n’était pas un démocrate et nous en Suisse, nous vivons en démocratie. Le peuple s’est prononcé sur l’interdiction des minarets, qui ne sont même pas une obligation en Islam, et non sur les lieux de prière. Nous avons un conflit de valeur avec les principes de la Charia. Les Suisses ont envoyé un signe fort aux symboles politiques.»
Azzam Tamimi: «Qu’est-ce qui vous empêche d’exclure les Noirs de Suisse après cela ?»
Oskar Freysinger: «Nous ne pourrions pas, ceci va à l’encontre des valeurs démocratiques de notre pays.»
Azzam Tamimi: «Vous êtes une copie d’Hitler qui persécute les minorités. Sous prétexte d’empêcher l’islamisation de l’Europe, vous persécutez une minorité. Les Musulmans n’ont plus les mêmes droits que les autres citoyens européens. Ils doivent s’effacer et ne doivent pas apparaître. C’est une politique pro sioniste, car les musulmans soutiennent la Palestine lorsque l’Europe est derrière Israël.»
Présentateur: «Vous avez ouvert la porte de l’enfer islamophobe. Les Pays-Bas, l’Autriche et la France ont emboîté le pas aux Suisses. Vous avez créé un clash de civilisation et allez devoir en subie les conséquences.»
Oskar Freysinger: «S’il y a un problème avec l’Islam en Europe, c’est le problème des musulmans qui vivent en Ghetto, des contradictions dans les valeurs entre occident et islam, sur les droits des femmes et leur égalité face aux hommes. J’ai des amis libanais et maghrébins musulmans qui vivent très bien avec la société suisse.»
Azzam Tamimi: «C’est l’assimilation que prônait Hitler. Ou l’on est aryen ou l’on n’a pas de place en Europe. Vous utilisez l’ignorance pour créer la haine. Si l’Europe connaissait l’Islam, elle n’aurait pas autant perdu des ses valeurs aujourd’hui. L’Occident doit mettre en avant la démocratie en dépit de ce qui se passe en Arabie Saoudite qui refuse aussi que les musulmans puissent accéder à la liberté.»
Présentateur: «M. Freysinger, 90% des pays musulmans n’appliquent pas la Charia. Ne faites-vous pas peur avec des fantasmes.»
Oskar Freysinger: «D’abord, je tiens à dire que M. Tamimi me blesse avec ses comparaisons entre Hitler et moi. Ensuite, je ne demande pas aux musulmans de disparaître, mais d’accepter les lois des pays dans lesquels ils vivent. La vision de Monsieur Tamimi sur l’Islam ne permet pas cela.»
Présentateur: «Si la Suisse a interdit aux musulmans les minarets, votre politique interdit beaucoup plus aux non-musulmans.»
Azzam Tamimi: «Notre religion est un exemple de liberté. Nous n’avons pas changé une loi pour interdire à un groupe particulier quoi que ce soit. L’Europe sent que les musulmans obtiennent les mêmes droits que tous les citoyens et veut donc limiter ces droits aux musulmans.»
Intervention d’Ueli Leuenberger:
«Il est important que le monde musulman sache que la Suisse n’a rien contre l’Islam, mais a suivi un parti qui prend cette religion en horreur. Nous vivons dans la paix, mais la majorité du peuple suisse connaît mal l’Islam et y attache du coup des fantasmes. Le parti des Verts a combattu cette initiative et nous encourageons les musulmans de Suisse de porter l’affaire devant la cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg. Les droits de l’H. prévalent sur la constitution helvétique.»
Présentateur: «Cette attaque contre l’Islam n’est-elle pas un indicateur de la force de pénétration de cette religion dans la société européenne ?»
Azzam Tamimi: «J’ai de la peine pour les Suisses qui ont penché pour des Nazis. Le peuple doit se réveiller et empêcher ces nazis de le détruire. La Suisse est un pays connu pour sa sympathie et son accueil.»
Présentateur: «Vous croyez que les Arabes vont croire que votre discours n’a rien contre l’Islam ?»
Oskar Freysinger: «Si le monde musulman pense ainsi, c’est triste. Et je demande encore à Monsieur Tamimi de me respecter et de respecter mes opinions. Je ne mérite pas les propos humiliants qu’il tient à mon égard. Je mérite le respect et le droit d’avoir un avis différent du sien. Enfin, je ne me mêle pas de ce que font les autres pays d’Europe, mais les Suisses ont montré leur fierté et ont donné un exemple de valeurs qui leur sont proches.»
Présentateur: Où «sont les réactions des riches arabes qui pourraient faire pression par leur fortune ? Ils ne sont pas intervenus dans ce débat. Est-ce une forme de lâcheté ou d’indifférence ?»
Azzam Tamimi: «Je ne sais pas, mais le peuple suisse doit comprendre qu’il a des intérêts qu’ils ont avec les pays arabes et qu’il doit les entretenir.»
Remerciements
ct. 09.12.09; 15:22 Pub. 09.12.09; 10:17
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